mardi 10 février 2015

Une Famille heureuse, Elisabeth Crane

     Et voilà pour le premier roman de février ! Qu'est-ce que ça dit ? Ben ça dans un premier temps:

4ème de couverture :

       Dans la famille Copeland, je voudrais les parents. Gordon, le père déjanté grandiloquent, vaniteux et insignifiant, il est gérant de supermarché , et Jean, la mère courage dévastée par le suicide de son amant.
Je voudrais aussi les enfants : Priscilla, l'ado insupportable et délurée qui ne vit que pour les fringues, les mecs et la télé-réalité ; et Otis, le petit dernier un brin allumé.
       Sans oublier, les aïeuls : Theodore, le grand-père tendre à la tête dans les étoiles, et Vivian, la matrone bourgeoise et venimeuse, férue de potins et de commentaires assassins.
       Résumons : « fille caractérielle, père je-sais-tout, fils gentil et normal, quoiqu'un peu bizarre, maman au-potentiel-non-encore-exploité / ayant-une-aventure, arrière-grand-mère vacharde, papy qui perd la boule. »
      Joyeuse et punchy, la photo a désormais la place d'honneur sur la cheminée. Mais avec de telles personnalités, une chose est sûre, un rien suffit pour tout faire exploser. Le jeu de massacre peut commencer. Faisons confiance à Elizabeth Crane pour mettre le feu aux poudres.

         Ainsi, on est dans une famille de malades ! de grands malades, hein ! C'est en tout cas ce qu'on se dit au premier abord. Puis... on change d'avis... Ils sont peut-être pas si dingues que ça dans cette famille. Peut-être que CETTE famille ne fait que représenter la plupart des petits foyers ordinaires de la société occidentale ? Non ? Ben si, pourquoi pas ? Je vous explique: 

       Dans ce roman, en fait, nous avons accès à l'intérieur de tous les personnages, parce que le narrateur est omniscient. Alors, n'est-il pas temps de s'avouer que l'intérieur de chacun d'entre nous, s'il était dévoilé, serait taxé de folie par autrui? Et bien moi je dis oui, car quelque part, au fond de nous-mêmes, nous sommes tous complètement déjantés ! Ne le prenez pas mal ! Attendez ! 
Présentation des personnages : le père se prend pour une encyclopédie vivante; il retrouve un amour de jeunesse, sauf qu'il a complètement oblitéré l'épisode de leur histoire, et cela va lui faire un électrochoc, il passe de psychorigide à complètement effondré, esthète, presque éthéré. 
La mère, elle, trouve son amant suicidé-pendu (même pas glauque la scène!) et nous fait part (par l'intermédiaire du narrateur) de tout ce qui lui passe par la tête. Folle ? Elle finit par se tourner vers la religion, non par croyance, juste pour pouvoir parler librement et mettre un son sur ses pensées les plus noires.
La fille, tête à claques d'une futilité exacerbée (genre elle rêve de faire carrière dans la télé-réalité, mais même pour ça, elle ne parvient pas à répondre aux questions du casting!) ne jure que par l'apparence. Finalement, elle pourrait bien en tirer profit. Ah!! le pouvoir de l'image dans notre Occident chéri! 
Un petit frère face à son premier amour essaie de comprendre tout cela du haut de ses neuf ans et Elisabeth Crane parvient à faire l'enfant !  Quatre personnages qui finissent par se révéler grâce à ... une certaine forme de passion pour chacun d'entre eux. 
Ajoutons à cela un grand-père atteint d'Alzheimer, père du père, et une arrière-grand-mère, mère du précédent, à l'apparence asentimentale et à l'intérieur frustré. Une famille détonante, quand même ! MAIS peut-être u famille ordinaire. Vue de l'intérieur ...

Elisabeth Crane use d'une ironie intense, d'un style décapant pour nous livrer tous les secrets de ces personnages qui, à eux tous, nous ressemblent bien plus qu'on ne saurait l'avouer. Non, on va pas faire ça là ! En tout cas, cela donne un petit roman (295 pages) très agréable à lire. Je conseille !!!

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